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Constat

Notre système alimentaire est malade.

De la fourche à la fourchette

D’un côté, les aliments les moins chers sont produits sans aucun respect ni de l’environnement (pesticides, épuisement des sols, transport de longue distance), ni des normes sociales (travailleur·euses surexploité·es voire même esclavagisé·es). L’aide alimentaire proposée aux plus précaires est composée en grande partie des surplus de la grande distribution, dont beaucoup de produits ultra-transformés et malsains.

De l’autre coté, les petit·es paysan·nes et les artisan·es transformateur·ices peinent à vivre de leur travail. Depuis des décennies, trois exploitations agricoles disparaissent chaque jour en Suisse (au profit de structures toujours plus grandes). Pour les petit·es producteur·ices, les prix fixés par la grande distribution sont trop bas et bien souvent ne couvrent même pas les coûts de production.

L’alimentation est pourtant essentielle à la vie. Comment sortir de ce paradoxe?

Covid

En 2020, le covid rend visible les personnes en situation de précarité alimentaire. À Genève, elles sont plus de 15’000 à avoir recours à l’aide alimentaire chaque semaine. C’est dans ce contexte qu’un projet d’article constitutionnel pour inscrire le droit à l’alimentation est déposé au Grand Conseil, soutenu par une large coalition de partenaires.

Droit à l’alimentation

En juin 2023 la population du canton de Genève décide, à plus de 67% des voix, d’inscrire le droit à l’alimentation dans sa Constitution.

Un projet de loi cantonale est aujourd’hui en cours d’élaboration. Dans l’intervalle, plusieurs organisations de la société civile lancent un projet pilote : la Calim.

Au niveau communal, deux motions adoptées en ville de Genève et de Meyrin, mettent en avant la nécessité de faire des expérimentations notamment autour de caisses de l’alimentation, en partant de l’exemple de Montpellier. C’est grâce aussi à cet engouement que le projet pilote de la Calim peut se faire avec le soutien des collectivités publiques des villes de Genève et Meyrin, ainsi que de partenaires privés.

Santé publique

Les facteurs clés de la dégradation actuelle de notre santé publique se concentrent autour de trois sources principales : manque d’activité physique, exposition aux cocktails de résidus chimiques et mal-bouffe (trop : de gras, de sucre, de sel). L’industrialisation galopante du secteur alimentaire vient s’ajouter à ces premiers facteurs.
Depuis les années 1980, ce ne sont plus les paysans qui décident de notre alimentation mais l’industrie et la grande distribution – et cela s’est encore accéléré depuis le début du XXIème siècle. Plus de 90 % de la production agricole passe par les enseignes de la grande distribution. Les aliments ultra-transformés se substituent progressivement aux vrais aliments. Ces produits ultra-transformés sont à l’origine de la plupart des maladies chroniques non-transmissibles (obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, dépression, etc.)*. Pour maintenir une bonne santé, moins de 15%* des calories mangées devraient provenir de ces aliments ultra-transformés. Ces nouveaux modes de consommation éloignent aussi des traditions et cultures alimentaires.

* Source : Anthony Fardet, Bien Manger est si simple, Thierry Souccar éditions, 2021

Paysage alimentaire

Manger est un fait de société, régi par un système qui s’inscrit dans le lieu où l’on habite et qui s’impose aux habitant·es. Nous mangeons ce qui se trouve dans notre environnement alimentaire. Aujourd’hui, le choix qui s’offre à nous est très restreint, et très superficiel. Nous faisons partie d’un système alimentaire, complexe et mondialisé. Manger est politique !

Aux USA, en Australie et au Canada le pourcentage des calories venant des aliments industriels ultra-transformés dépasse aujourd’hui les 50% ; en France, on est à 35% pour les adultes et 45% chez les jeunes de moins de 18 ans*. 70% des produits emballés sont ultra-transformés dans les grandes surfaces en France aujourd’hui*. Ces aliments ne fragilisent pas seulement nos métabolismes, ils changent aussi l’ensemble de nos cultures alimentaires : les repas se prennent seul·es, en mangeant de moins en moins de plats que nous avons cuisinés. Petit à petit, les facteurs clefs d’une alimentation saine, en lien avec nos cultures alimentaires, se modifient profondément jusqu’à nous échapper.

Par ailleurs, la perte de ces cultures alimentaires met en cause la raison d’être des petits paysans. Celles et ceux-ci ne peuvent pas produire une nourriture préfabriquée, telle que proposée par la grande distribution. Ces derniers ont besoin de partenaires stables intéressés aux produits frais, de saison, issus de leurs fermes, et issus de leurs partenaires directs – les artisans de transformation.

* Source : Anthony Fardet, Bien Manger est si simple, Thierry Souccar éditions, 2021

Manger Calim : L’engagement des membres

Pour toutes les raisons énumérées ci-dessus, le constat de la Calim et de ses comités citoyens est clair : il faut agir maintenant, tous et toutes ensemble, pour rendre possible un autre système alimentaire. Dans cette optique, voici une première version de l’engagement des membres, qui constitue l’engagement minimum souhaité, pour tout membre de la Calim. A faire valider dans les mois à venir, par les premières et les premiers membres de l’expérimentation.
Courant 2026, la Charte du Manger Calim sera présentée lors de l’assemblée constitutive.

Démocratie alimentaire

« Pour que nous puissions définir ce que nous voulons produire et manger, comment, quand et avec qui, il est indispensable de mettre en œuvre la démocratie alimentaire ; c’est-à-dire des processus de délibération et de décision dans lesquels des citoyen·nes et notamment celles et ceux qui aujourd’hui souffrent de précarité, sont impliqué·es. »

La Calim fonctionne selon un principe de démocratie alimentaire. Il s’agit de remettre les mangeur·euses* au centre des décisions qui touchent leur assiette.

Depuis 2024, deux groupes d’habitant·es de Meyrin et des Pâquis, constitués en comité, se rencontrent régulièrement. Ensemble, ils décident de la gouvernance et du fonctionnement de la Calim. Ils forment également des délégations pour sélectionner les lieux d’approvisionnement de la caisse. Dans ces lieux – magasins, stands de marchés, abonnements contractuels – les membres peuvent dépenser leurs Radis.

Le projet expérimental genevois de la Calim s’inspire de différents projets en cours, surtout en France, en premier lieu celui de Montpellier.

Voici une liste, non-exhaustive, de quelques projets qui nous inspirent :

Montpellier, La Caisse alimentaire de Montpellier

Lyon, Caisse de l’alimentation à Lyon 8

Bruxelles, La CLASS – La Caisse Locale d’Alimentation Solidaire de Schaerbeek

Toulouse, Caissalim, la Caisse citoyenne d’alimentation de l’aire urbaine toulousaine

Dieulefit, Caisse alim’, de Dieulefit et alentours

Gironde, expérimentation d’une caisse de l’alimentation en Gironde